Selon une nouvelle étude, le suicide assisté toucherait davantage les femmes et les personnes vulnérables.
Bien que l’euthanasie soit interdite en Suisse, le suicide assisté y est légal. Mais les opposants craignent que les personnes vulnérables soient contraintes de mettre fin à leur vie de cette façon. Des chercheurs de l’Université de Berne ont en ce sens examiné les facteurs-socio-économiques liés au suicide.
Alors que l’euthanasie implique le rôle actif d’un médecin pour aider le patient à mourir, le suicide assisté consiste seulement à ce que le médecin fournisse les moyens létaux au patient qui décidera du moment de l’utilisation.
Le suicide assisté est illégal dans la plupart des pays, comme la France et les Etats-Unis. Cependant, en Suisse, le rôle des médecins consiste à évaluer si le patient qui demande cette assistance possède la capacité de prendre une décision éclairée afin de prescrire le médicament mortel.
Néanmoins, la personne ne doit pas être en phase terminale d’une maladie en Suisse. En 2013, la Cour européenne des droits de l’homme a demandé à la Suisse de préciser dans quelles conditions les patients ne souffrant pas d’une maladie en phase terminale pouvaient avoir accès au suicide assisté.
Pour mener cette étude, publiée dans la revue International Journal of Epidemiology, l’équipe de chercheurs, dirigée par le Pr. Matthias Egger, a recueilli les données de plus de 5 millions d’individus âgés de 25 à 94 ans depuis 2003. Parmi eux, 1301 personnes ont choisi le suicide assisté.
Les résultats ont montré que le suicide assisté était plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, ainsi que chez les personnes vulnérables comme les seniors et les personnes vivant seules. Les chercheurs ont également constaté que les personnes qui ont eu un enseignement supérieur et qui occupaient une position socio-économique plus élevée étaient plus susceptibles d’opter pour cette assistance.
« Notre étude est pertinente concernant le nombre disproportionné de suicides assistés dans les groupes d’individus vulnérables », explique le Pr. Egger. Il note également que les taux plus élevés chez les personnes ayant eu un enseignement supérieur peuvent traduire des inégalités dans l’accès à l’aide au suicide.
« D’autre part, nous avons constaté un taux plus élevé chez les personnes vivant seules. La solitude sociale et le divorce sont des facteurs de risque bien connus pour les suicides non assistés et nos résultats suggèrent qu’ils peuvent également jouer un rôle dans l’aide au suicide ».
Après l’analyse des certificats de décès, l’équipe a constaté que dans 25% de ceux qui avaient choisi un suicide assisté n’étaient atteints d’aucune maladie mortelle, traduisant simplement une forme de « lassitude de la vie ».
Dans la tranche d’âge des 25-64 ans, 57% avaient un cancer et 21% des maladies du système nerveux.
Dans la tranche des 65-95 ans, 41% avaient un cancer, 15% une maladie de l’appareil circulatoire et 11% une maladie du système nerveux.
« Nous pensons qu’une nouvelle réglementation devrait imposer l’enregistrement anonyme des suicides assistés dans une base de données dédiée de sorte que l’aide au suicide puisse être mieux surveillée », conclut le Pr. Egger.
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