Une nouvelle étude publiée dans la revue NeuroImage Clinical suggère que le temps qu’il faut à une personne pour traiter les mots écrits peut être un prédicteur fiable du risque de développer la maladie d’Alzheimer.
Cette étude s’est concentrée sur des patients atteints d’une déficience cognitive légère (MCI), une condition dans laquelle les seniors, généralement de plus de 65 ans, développent des problèmes de mémoire et cognitifs mineurs mais visibles.
Bien que les difficultés liées à la mémoire chez les patients atteints de MCI ne soient pas aussi graves que celles des personnes atteintes d’Alzheimer, la plupart des personnes atteintes de MCI développent Alzheimer.
On estime que 8 personnes sur 10 souffrant de MCI sont diagnostiquées avec Alzheimer dans les 7 ans suivant leur diagnostic. Mais que se passe-t-il dans le cerveau entre les 2 diagnostics ?
Des chercheurs britanniques et américains ont entrepris d’étudier la question dans une nouvelle recherche.
« Une caractéristique importante de la maladie d’Alzheimer est un déclin progressif du langage, mais la capacité à traiter le langage dans la période qui sépare les symptômes initiaux de la maladie d’Alzheimer jusqu’à son plein développement a rarement été étudiée auparavant », expliquent les chercheurs.
« Nous voulions étudier s’il y avait des anomalies dans l’activité cérébrale pendant le traitement du langage chez les patients atteints de MCI qui pourraient fournir un aperçu de leur probabilité de développer la maladie d’Alzheimer. Nous nous sommes concentrés sur le fonctionnement du langage, car il s’agit d’un aspect crucial de la cognition, lequel est particulièrement impacté au cours des stades progressifs de la maladie d’Alzheimer ».
Des études antérieures ont montré qu’il faut au cerveau d’un individu en moyenne 250 millisecondes pour traiter un mot écrit. L’activité cérébrale associée au traitement de texte peut être observée sur un électroencéphalogramme (EEG), une procédure qui mesure l’activité électrique du cerveau en plaçant de minuscules électrodes sur le cuir chevelu.
Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé un EEG pour évaluer l’activité cérébrale de 25 participants pendant qu’on leur montrait des mots sur un écran d’ordinateur.
Les participants comprenaient des seniors sains, des seniors diagnostiqués avec une MCI, ainsi que des seniors atteints de MCI et diagnostiqués avec Alzheimer dans les 3 ans suivant le diagnostic de MCI.
Les résultats montrent que la réponse cérébrale est aberrante chez les individus qui continuent à développer Alzheimer, mais reste intacte chez les patients restés stables.
« Nos résultats étaient inattendus étant donné que le langage est généralement affecté par Alzheimer à des stades plus avancés. Il est possible que cette dégradation du réseau cérébral associée à la compréhension du langage chez les patients atteints de MCI puisse être un biomarqueur crucial utilisé pour identifier ceux susceptibles de développer Alzheimer », commentent les chercheurs.
« La vérification de ce biomarqueur pourrait ouvrir la voie à une intervention pharmacologique précoce et à l’élaboration d’un nouveau test peu coûteux et peu invasif utilisant l’EEG dans le cadre d’une évaluation de routine avec le médecin traitant ».
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