Une nouvelle étude montre que nos cerveaux intègrent l’odorat pour stocker des informations sur l’espace et le temps afin de former des souvenirs épisodiques. Ces résultats pourraient conduire à de meilleurs diagnostics d’Alzheimer.
Lorsque l’odeur des madeleines incita Proust à écrire des centaines de pages de souvenirs, il ne se doutait pas qu’il allait aider un découvrir un domaine d’études neuroscientifique. En effet, des décennies plus tard, des chercheurs ont émis l’hypothèse que la capacité exceptionnelle des odeurs à déclencher des souvenirs, appelée « effet Proust », est due à la proximité du système de traitement olfactif avec le noyau mémoire du cerveau.
L’amygdale, la structure cérébrale en forme d’amande qui traite les informations sensorielles, et l’hippocampe, la zone responsable du stockage des souvenirs épisodiques pour un accès ultérieur, sont étroitement liés dans le cerveau.
Les souvenirs épisodiques sont des souvenirs autobiographiques d’événements passés spécifiques. Dans le cas de Proust, l’odeur des madeleines réveillait des souvenirs de la vieille maison grise de sa tante et des rues du village où il faisait ses courses. Ce n’est pas une coïncidence si les souvenirs de Proust concernaient l’espace et le temps. De nouvelles recherches montrent que l’information spatio-temporelle est intégrée au noyau olfactif antérieur (AON), qui est impliqué dans la maladie d’Alzheimer.
Des chercheurs ont voulu examiner le rôle de l’AON dans la mémoire. Ils ont soumis des souris à une série d’expériences qui ont conduit à la découverte d’une voie neurale auparavant inconnue entre l’hippocampe et l’AON.
Lorsque cette connexion est intacte, les souris préfèrent passer plus de temps à sentir une nouvelle odeur que celle qui leur est familière. Mais lorsque la voie neurale a été perturbée dans les expériences, les rongeurs sont retournés renifler des odeurs qu’ils connaissaient déjà comme si elles étaient nouvelles.
« Quand les rongeurs perdent cette préférence, il est sous-entendu qu’ils ne se souviennent plus de l’odeur même s’ils l’ont déjà reniflée, alors ils continuent à sentir quelque chose comme si c’était la première fois ».
« Nos résultats démontrent que nous comprenons maintenant quels circuits dans le cerveau régissent la mémoire épisodique pour l’odorat. Le circuit peut désormais être utilisé comme modèle pour étudier les aspects fondamentaux de la mémoire épisodique humaine et les déficits de la mémoire des odeurs dans les maladies neurodégénératives ».
« Compte tenu de la dégénérescence précoce de l’AON dans la maladie d’Alzheimer, notre étude suggère que les déficits d’odeurs rencontrés par les patients impliquent des difficultés à se souvenir du « quand » et du « où » les odeurs ont été rencontrées ».
De nombreuses études antérieures ont documenté le rôle de l’AON dans le développement de la maladie d’Alzheimer, en suggérant que cette zone est l’une des premières à être affectée par la formation de plaques amyloïdes caractéristiques d’Alzheimer. Les chercheurs ont donc développé des tests de détection dans l’espoir d’identifier la maladie alors qu’elle n’en est encore qu’à ses premiers stades. Cette nouvelle découverte va permettre d’améliorer l’efficacité des tests olfactifs pour Alzheimer.
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