Quatre médicaments qui traitent les symptômes de la maladie d’Alzheimer, ainsi que leurs génériques, qui étaient jusqu’à présent en partie remboursés par l’Assurance maladie, ne le seront plus à partir du 1er août 2018. Les médecins spécialistes de la maladie s’insurgent.
Aujourd’hui en France, ce sont près d’un million de personnes qui sont touchées par la maladie. On compte chaque année 225 000 nouveaux cas diagnostiqués (1 nouveau cas toutes les 3 minutes) et d’ici 2020, la maladie affectera environ 1 200 000 personnes, soit 1 senior sur 4 de plus de 65 ans.
Les causes de la maladie d’Alzheimer sont toujours assez mal comprises, bien que plusieurs mécanismes soient désormais connus. Environ 550 000 personnes sont suivies médicalement, dont plus de la moitié bénéficient d’une prise en charge au titre de l’affection longue durée. Chaque année, 10 milliards d’euros sont consacrés à la gestion de la maladie et on estime que chaque patient coûte environ 22 000 euros.
C’est une maladie dont on ne guérit pas. Les traitements actuels permettent seulement de ralentir sa progression et de traiter les symptômes (troubles de la mémoire, du langage et du comportement, troubles moteurs…).
Jusqu’à présent, l’Assurance maladie remboursait les médicaments anti-Alzheimer à hauteur de 15%. Mais, selon un arrêté du ministère de la santé publié le 1er juin 2018 au Journal Officiel, quatre médicaments majeurs, Aricept, Reminyl, Exelon et Ebixa, ainsi que leurs génériques, ne seront plus remboursés par l’Assurance maladie à partir du 1er août prochain.
D’après la ministre de la Santé, Agnès Busyn, ce déremboursement permettra d’économiser près de 90 millions d’euros. Elle justifie cette mesure en précisant que la HAS (Haute Autorité de Santé) avait jugé en 2016 que ces médicaments présentaient un « intérêt médical insuffisant ».
Alors, que deviendront ces 90 millions d’euros ? Interrogée sur Europe 1 fin mai, Agnès Buzyn déclarait que « tout l’argent qui va être économisé sera intégralement réorienté vers l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, soit pour les centres mémoire soit pour le secteur médico-social qui les prend en charge ».
194 médecins spécialistes de la maladie, neurologues, psychiatres et autres gériatres, se sont exprimés dans une lettre ouverte à Agnès Busyn publiée le 18 juin dans les colonnes du Figaro. Dans cette lettre, ils expriment leur « désarroi » devant cette décision de déremboursement des médicaments anti-Alzheimer, et contestent la validation de l’évaluation de 2016 de la HAS sur l’efficacité de ces derniers.
Ces médecins de 28 CMRR (centres mémoire de ressources et de recherche) sur la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées, et de neuf sociétés savantes demandent « solennellement et publiquement » à la ministre de la santé de « revenir sur cette décision qui dessert la prise en soins actuelle et future des malades en étant susceptibles d’altérer la confiance que portent les patients, leurs familles et les professionnels dans les processus de décision en matière de santé ».
Cette lettre ouverte a reçu le soutien des principales associations de lutte contre la maladie.
Nous nous engageons à vous recontacter dans la journée.