Michèle Delaunay, ministre des Personnes âgées et de l'Autonomie, vient de présenter son rapport sur le phénomène d'isolement des seniors et propose la généralisation d'un outil auprès des aidants pour détecter les premiers signes de dépression chez les personnes âgées et ainsi réduire le nombre de suicides.
Le suicide est la troisième cause de décès chez les seniors après le cancer et les maladies cardio-vasculaires. Il représente environ 30% de l’ensemble des suicides recensés en France. Ainsi, chaque année, plus de 3000 seniors de plus de 65 ans, représentant 20% de la population française, choisissent de se donner la mort pour diverses raisons, la plupart liée au manque d’argent, à la solitude, au deuil, aux problèmes d’alimentation ou encore à la dépression. En outre, les plus de 85 ans sont 4 fois plus nombreux à passer à l’acte que la moyenne de la population.
Dans 70% des cas, les suicides de seniors ont lieu au domicile et à l’inverse, en établissement, le taux de suicides chute drastiquement grâce à de meilleurs moyens d’encadrement et de prise en charge.
Il faut noter, malheureusement, que contrairement aux autres générations de population, le senior a peu de chances de « rater son coup ». En effet, il semblerait que les personnes âgées soient particulièrement déterminées lorsqu’il s’agit de suicide. « Le passage à l’acte est généralement préparé avec soin. Les moyens utilisés sont volontiers radicaux (pendaison, noyade, défenestration, armes à feu, etc.) », explique le ministère des Personnes âgées et de l’Autonomie. Certaines régions françaises sont plus touchées que d’autres, comme la Picardie et la Bretagne, et diverses périodes de l’année sont plus propices au suicide des seniors comme les fêtes de fin d’année par exemple.
En France, pour l’ensemble de la population, on estime le coût total des suicides ou tentatives de suicides à plus de 5 milliards d’euros, soit, en comparaison, 2 tiers du budget engagé pour les patients atteints de diabète, 2 tiers des dépenses de soin des personnes souffrant d’hypertension artérielle, ou encore 1 tiers de celles victimes d’un AVC.
Dans la majorité des cas, les suicides de seniors ont lieu au domicile, malgré la surveillance pouvant être faite par les professionnels du secteur de l’aide à domicile. Mais, ces derniers ne sont pas nécessairement préparés à détecter les signes de la dépression.
Le projet Mobiqual est justement destiné à prévenir la dépression des seniors en détectant ses signes à l’aide d’une mallette contenant une plaquette sur les définitions et la description clinique de la dépression, des DVD et des grilles d’évaluation pour permettre d’accompagner les professionnels de l’aide à domicile dans le suivi des patients.
« Le sentiment de solitude, le fait que la personne ne mange plus ou qu’elle ne fasse plus ce qu’elle avait plaisir à faire, sont autant de facteurs à risques. Ce sont autant de signes que les aides à domicile sont à même de voir, bien plus qu’un médecin qui ne voit son patient qu’occasionnellement », explique la déléguée générale de la Société française de gérontologie et de gériatrie (SFGG), Geneviève Ruault, porteuse du projet Mobiqual.
Rémi Mangin, de l’Union Nationale de l’Aide, des Soins et des Services aux Domiciles (UNA), explique quant à lui qu’ « on va donner les moyens aux intervenants à domicile, grâce à des clignotants simples, de comprendre les réactions des personnes âgées. Par exemple, une fiche alerte sur le regard de la personne âgée semble-t-il triste ? S’anime-t-il moins souvent que d’habitude ? ». Si des signes de dépression sont ainsi détectés par les intervenants, ceux-ci seront alors en mesure d’ « alerter les professionnels compétents ».
Une convention de généralisation du Mobiqual a été signée le jeudi 18 juillet entre les différentes fédérations d’aide à domicile et la SFGG.
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