Un senior de 73 ans a fait l'objet d'une autopsie pratiquée par une équipe de chercheurs allemands dans le but de comprendre comment le virus MERS-CoV a pu se propager dans son corps et entraîner son décès 10 jours plus tard, tout en essayant de mettre en perspective d'éventuelles similitudes avec le mode de propagation du SRAS-CoV.
Selon l’OMS, la nouvelle souche du coronavirus, désormais appelée MERS-CoV, a déjà infecté 55 personnes dans le monde au cours des derniers mois, principalement dans la péninsule arabique : Arabie Saoudite, foyer de l’épidémie, Emirats Arabes, Qatar et Jordanie. Parmi ces 55 cas d’infection, 31 patients ont succombé, principalement chez des sujets âgés mais pas seulement, supposant par conséquent une souche extrêmement virulente et surtout potentiellement fatale. Celle-ci a également été identifiée chez des patients de retour du Moyen-Orient en France, en Allemagne, en Angleterre, en Italie, mais aussi en Tunisie et au Maroc. En outre, d’après les nombreuses observations cliniques, notamment en France et en Jordanie, la transmission entre êtres humains est formellement avérée.
Le Coronavirus MERS fait l’objet de recherches intenses et l’une d’elles, menée par l’équipe du Pr Christian Drosten de l’Institut de Virologie du Centre Médical de Bonn, s’est intéressée au cas d’un patient allemand, de retour d’Abu Dhabi aux Emirats Arabes Unis et âgé de 73 ans, qui a succombé 10 jours seulement après son hospitalisation à Munich à la suite d’une insuffisance respiratoire sévère, combinée à une insuffisance rénale ayant entraîné un choc septique, la forme la plus grave de réponse inflammatoire.
Selon l’autopsie du senior, le coronavirus MERS a été retrouvé dans les bronches, majoritairement concentré dans les parties inférieures des voies respiratoires, dans les selles et l’urine. Aucune trace cependant du virus n’a été détectée dans le sang. Après analyse, des liens de parenté avec le coronavirus MERS de la péninsule arabique ont été retrouvés et les chercheurs allemands ont établi que cette nouvelle souche serait apparue au milieu de l’année 2011, bien avant le premier cas signalé en Jordanie mi-2012.
D’autres chercheurs, français cette fois-ci, Benoit Guery, professeur d’université en maladies infectieuses au CHRU de Lille, et le Pr Sylvie Van der Werf, de l’Institut Pasteur de Paris, suggèrent que les reins seraient la cible prioritaire du virus chez les patients infectés.
Après l’épidémie de SRAS-CoV, entre les mois de mars et de juillet 2003, qui avait contaminé plus de 8000 personnes dans 25 pays et causé la mort de 774 personnes, les autorités sanitaires du monde entier sont restées particulièrement alertes. Le SRAS-CoV a ainsi depuis lors fait l’objet de très nombreuses recherches scientifiques et les nouvelles conclusions émises par l’équipe de virologues allemands sur le MERS-CoV laissent suggérer que ce dernier ne serait qu’en phase initiale de propagation.
Ce qui se révèle être un problème sanitaire particulièrement épineux puisque le 9 juillet prochain se tiendra à La Mecque le « petit pèlerinage » où sont attendus des milliers de pratiquants musulmans, venus des quatre coins du globe, le vrai pèlerinage étant quant à lui programmé en octobre prochain. L’infection par le coronavirus-MERS pourrait alors se répandre comme une traînée de poudre à travers la planète, causant potentiellement des centaines de victimes.
En l’état actuel des choses et sans thérapeutique adaptée, l’OMS suggère seulement aux autorités sanitaires des Etats Membres de maintenir leur vigilance et d’effectuer un dépistage du MERS-CoV systématique chez tous les voyageurs revenus du Moyen-Orient et pour lesquels une infection respiratoire (IRAS) aurait été détectée. La restriction aux voyages internationaux n’a pour le moment pas été envisagée. L’OMS recommande également à tous les établissements de santé de prendre les précautions nécessaires afin d’éviter toute transmission du virus à d’autres patients, visiteurs et personnel soignant.
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